Pontoise Plongée

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Barautromatismes

samedi 9 juin 2007, par DEMANTE Didier, LEGRAND Denis

1 - Rappel : Loi de Mariotte

"Pour un gaz parfait, à température constante, le volume d’un gaz est inversement proportionnel à la pression qu’il reçoit."

Formule mathématique : Pression X Volume = Constante

2 - Mécanisme général d’un accident barotraumatique

Un accident barotraumatique est une conséquence direct de la loi de Mariotte. Il se produit losqu’une cavité du corps ne se retrouve pas à la pression ambiante. Cette cavité peut se retrouver en dépression durant la descente, ou en surpression durant la remontée. Dans les 2 cas, afin de compenser cette situation de dépression ou surpression, les tissus qui entourent cette cavités vont se déformés afin de faire varier le volume de la cavité. Ces déformations peuvent entraîner des lésions plus ou moins graves.

Dans tous les cas de barotraumatisme, la zone la plus risquée est l’espace proche, environnement où la variation de pression est la plus rapide.

3 - La surpression pulmonaire

3.1 Mécanismes physiques

Les alvéoles pulmonaires ayant une élasticité d’environ 30% (ce qui signifie qu’elles peuvent supporter un écart de pression avec l’extérieur de 30%), une surpression pulmonaire est donc possible dès 3m.

La surpression pulmonaire ne se produit qu’à la remontée. Elle est due à un blocage de l’expiration, entraînant une distension des alvéoles pulmonaires pouvant aller jusqu’à la déchirure. Ce blocage de la respiration est du à l’une des causes suivantes :

- intrusion d’eau dans le nez, entraînant un blocage réflexe de la glotte, qui ferme la trachée.
- choc thermo-différentiel, généralement sur le visage (arrivée subite d’eau froide sur le visage), entraînant là aussi un blocage de la glotte.
- volonté délibérée de retenir son expiration : cas d’un apnéiste qui a reçu de l’air au fond, ou de l’exercice de Remontée Sans Embout de 20 m pratiqué au niveau 4.
- essoufflement, entraînant un dérèglement de la respiration, avec une expiration insuffisante.
- panne matériel, bloquant le détendeur fusant, et empêchant ainsi l’expiration.

3.2 Conséquences physiologiques

Les déchirures des alvéoles vont permettre à l’air de pénétrer dans l’organismes sous forme gazeuse. En fonction de la zone pénétrée, les conséquences vont être variables, mais toujours graves.

La première conséquence va être une hémoragie pulmonaire. Elle peut générer le non-fonctionnement des alvéoles pulmonaires touchées (collées) et une hémorragie interne (déchirure du diaphragme,...)

L’air peut pénétrer dans la plévre. La variation de volume de la cage thoraxique (diaphragme et cote) est compensée non plus par une variation du volume des alvéoles pulmonaires, mais par une pénétration de l’air dans la plévre (pneumo-thorax). L’air n’est plus renouvelé dans les poumons (y compris dans la zone non touchée par la surpression) et on a une détresse ventilatoire marquée.

Les alvéoles touchées ne vont plus permettre d’échanges gazeux efficaces entre l’air et le sang. Elles subissent une hémorragie mélange air et sang, générant des crachats rouges et une pénétration de l’air dans le sang.

L’air pénétrant dans le sang va avoir tendance à remonter. Suivant le trajet du sang, il va d’abord atteindre le coeur. Si le volume d’air est trop important, le coeur va pomper à vide, entraînant ainsi un infarctus. S’il passe le coeur, il va atteindre la crosse aortique, puis passer par les artères carotides pour atteindre le cerveau. Il va finir par rester bloquer dans les vaisseaux sanguins cérébraux, bloquant la circulation dans le cerveau et entraînant l’asphyxie de celui-ci.

3.3 Symptômes

La gravité de la surpression pulmonaire est très variable. Dans les cas les moins graves, elle entraîne une douleur respiratoire thoracique, une toux avec un spume rosatre, un souffle haletant, des emphysémes sous-cutané au niveau de la poitrine ou du cou (petite poche d’air). La détresse ventilatoire entraînant une détresse circulatoire, on peut également avoir une paleur ou une cyanose.

Dans les cas les plus graves, si l’air pénètre dans le sang et remonte vers le cerveau, on a des troubles de toutes les fonctions liées au systéme nerveux : paroles, vision, audition, mémoire, toucher (sensation de picotement non justifiée), équilibre, crise de type épileptique. La victime se trouve en état de choc. Dans les cas extrêmes, la supression peut conduire à une syncope (arrêt respiratoire), puis à la mort.

D’autre part, la perturbation du systéme ventilatoire entraîne des difficultés d’échanges gazeux entre le sang et l’air. Une surpression pulmonaire va donc perturber la désaturation en azote, et risque d’entraîner un accident de décompression, avec tous les symptômes liés.

3.4 Conduite à tenir

Une fois l’accident survenu, placé le blessé sous oxygénothèrapie. Prévenir les secours. Allonger la victime, en lui surélevant les jambes.

3.5 Prévention

Les préventions de la surpression pulmonaire sont simples.

- s’entraîner régulièrement à la respiration sans masque, pour combattre le réflexe de blocage de la glotte.
- avant chaque plongée, se mouiller le visage en faisant une respiration sans masque juste sous la surface, accroché au bout par exemple. Cela permet d’acclimater le visage à la température de l’eau et de remettre en place cette respiration sans masque.
- ne pas pratiquer de RSE sans un moniteur qualifié.
- ne pas donner d’air à un apnéiste
- ne pas tolérer l’essoufflement. Au premier signe, signaler l’essoufflement à ses compagnons de palanquée, arrêter les efforts et commencer la remontée au gilet.
- en cas de panne du détendeur, le retirer et prendre son deuxième détendeur ou demander de l’air à un compagnon.

4 - L’oreille

4.1 Mécanismes

Le barotraumatisme de l’oreille est lié à une différence de pression entre les 2 parois du tympan. Il survient aussi bien à la descente qu’à la remontée. Il est du généralement à l’absence d’équilibration entre milieu externe et oreille moyenne. Il peut également être du à une manoeuvre valsalva trop violente.

4.2 Symptômes

Sous l’effet de cette différence de pression, le tympan qui est une membrane souple se déforme jusqu’à devenir très douloureux. Dans les cas extrêmes, il peut se percer, voir se déchirer, entraînant des vertiges, voir une perte de connaissance.

4.3 Conduite à tenir

Si une personne souffre d’un barotraumatisme de l’oreille léger, elle doit consulter au plus vite un médecin ORL. Il ne faut surtout mettre aucun produit dans l’oreille sans avis d’un ORL. En cas de percement du tympan, l’intrusion de produit dans l’oreille peut avoir un effet dévastateur.

4.4 Prévention

Ne pas plonger en cas de rhume, rhinites, ou toutes infections risquant d’entraîner un encombrement des trompes d’Eustaches (conduit reliant l’oreille moyenne à la bouche et permettant d’équilibrer la pression dans l’oreille moyenne).

En début de plonger, se nettoyer le nez en se mouchant après avoir inspirer de l’eau de mer.

Si l’incident survient durant la descente, penser à équilibrer régulièrement (manoeuvre de ValSalva, Frentzel, déglutition ou BTV) avant d’avoir mal. Si on a mal, remonter légèrement avant de tenter de rééquilibrer. Eventuellement, retirer son masque et se moucher. Si ca ne passe pas, remonter.

Si l’incident survient durant la remontée, surtout ne pas faire de ValSalva. Arrêter la remontée et faire Fentzel, déglutition ou BTV. Si nécessaire ; faire un vidage de masquer et se moucher. Si l’équilibration ne se fait toujours pas, remonter le plus lentement possible.

5 - Les sinus

5.1 Mécanismes

Les sinus sont des poches d’air situées dans les os du crâne. Il y les sinus frontaux (situés au-dessus des yeux) et maxillaires (au-dessus des joues). Ces poches communiques avec les voies respiratoires par de petits orifices. Si ces orifices sont bouchés, on a une dépression dans les sinus à la descente, ou une surpression à la remontée. Les muqueuses situées à l’intérieure de ces sinus vont avoir alors tendances à être aspirées ou au contraire écrasées.

5.2 Symptômes

La victime ressent de violentes douleurs aux sinus, aux dents (dans le cas ou ce sont les sinus maxillaires qui souffrent), pouvant être suivis de saignement de nez.

5.3 Conduite à tenir

En cas de douleur après la plongée, consulter un ORL.

5.4 Prévention

Se rincer le nez avant de plonger.

Ne pas plonger avec un rhume ou une rhinite.

A la descente, si cela ne passe pas, remonter légèrement, enlever le masque et se moucher. Si cela ne passe toujours pas, ne pas insister et arrêter la plongée.

Si le problème survient à la remontée, enlever le masque et se moucher. Si cela ne passe pas, remonter très lentement.

6 - Le placage de masque

6.1 Mécanismes

Cet accident n’arrive qu’à la descente. Dans le masque la pression initiale est de 1 bar (pression atmosphérique. La pression augmentant lors de la descente, le masque commence par se déformer en se plaquant au visage. La jupe du masque s’écrase. Une foie arriver à la limite de sa déformation, il va y avoir une « aspiration » des yeux dans le masque, selon le principe de la ventouse.

6.2 Symptômes

Attention, les yeux sont des organes qui ne sont pas sensibles à la douleur. Cet accident est donc presque indolore. Au fond, la victime peut commencer à avoir des troubles de la vision, et des hémorragies oculaires ou nasales (cas graves).
En surface, dans les cas bénin, on voit la marque du masque autour du visage, de manière plus ou moins marquée. De même, les yeux de la victime sont injectés de sang. Dans les cas plus graves, il y a hémorragie.

6.3 Conduite à tenir

En cas de saignement nasale, compresser la narine saignante en gardant la tête en bas. Consulter un ORL ou un ophtalmologiste, selon l’organe touché.

6.4 Prévention

Il suffit d’expirer régulièrement par le nez pour éviter cet accident.

7 - Les dents

7.1 Mécanismes

Cet accident peut arriver aussi bien à la descente qu’à la remontée. Une dent mal soignée est creuse. L’orifice peut être bouché, ou se boucher durant la plongée. La différence de pression entre l’intérieur de la dent et la bouche peut faire travailler cette dent, voir la faire imploser (descente) ou au contraire la faire exploser (remontée).

7.2 Symptômes

Douleur très violente, dans le cas ou la dent n’est pas dévitalisée. Cette douleur peut devenir explosive si la dent éclate. Elle peut entraîner une perte de connaissance.

7.3 Conduite à tenir

Consulter un dentiste ou un stomatologue.

7.4 Prévention

Consulter régulièrement un dentiste, en lui précisant que l’on pratique la plongée sous-marine.

Arrêter la plongée à la moindre douleur dentaire. Si elle apparaît à la remontée, remonter très lentement.

8 - L’estomac et l’intestin

8.1 Mécanismes

Cet accident ne survient qu’à la remontée. Les voies digestives étant en contact direct avec les voies respiratoires, on peut ingérer de l’air au fond. Lors de la remontée, si cet air ne peut pas être évacuer, il se dilate. Cela peut aller jusqu’à la déchirure intestinale ou stomacale.

Cet accident est également appeler la colique des scaphandrier. Le mécanisme de cet accident est le même que celui de la supression pulmonaire. Il peut nécessiter un traitement médical lourd pour être soigné (chirurgie, ...). Il est néanmoins moins dangereux que la surpression pulmonaire puisque le systéme touché (digestif) est moins vital (à court terme) que le systéme respiratoire.

8.3 Symptômes

La victime ressent de violentes douleurs à l’abdomen. Elle a envie d’évacuer les gaz, mais n’y arrive pas.

8.4 Conduite à tenir

Essayer d’évacuer les gaz par voie buccale ou rectale, sans fausse pudeur. Consulter un médecin dès que possible. Si nécessaire, il y aura évacuation vers un caisson. Ne rien donner à boire ou à manger à la victime.

8.5 Prévention

Eviter les boissons gazeuses et les féculents qui génèrent des gaz lors de la digestion.

Ne pas se retenir lorsque l’on a des gaz au fond.

Si on se sait sensible à cet incident, on évitera la déglutition comme technique d’équilibrage des oreilles. La déglutition fait automatiquement avaler de l’air.

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